Elles viennent de loin.
Elles l’ont échappé belle !
Rappelez-vous le scandale que déclencha en 1877 la sculpture de Rodin, « L’Âge d’Airain » que l’on crut moulée directement sur le corps du modèle.
Les sculptures en question aujourd’hui sont moulées sur des corps de femmes, et quelquefois d’hommes. Il n’y a plus scandale, mais révélation et mystère de la création.
Dans ces sculptures au moins deux réalités se rejoignent: d’abord au niveau de la technologie, l’utilisation des matériaux, du plâtre, de la terre, de l’eau et du feu, par la cuisson dans un four, par l’enfumage même… selon les techniques les plus avancées, qui font du sculpteur un authentique artisan.
Puis, l’oeuvre elle-même, qui n’est jamais une copie d’un modèle, mais une création de l’artiste-démiurge.
La technique servant à dépasser, poétiser, sublimer, l’idée créatrice de l’artiste.
La technique est seconde par rapport à l’effet voulu, l’idée qui prend forme.
Il y a un vrai tour de force dans cette métamorphose de l’objet en création artistique, de la matière ainsi spiritualisée, transcendée, transsubstantiée.
Ce qui peut expliquer le malaise que l’on ressent devant ces oeuvres. Elles fascinent, elles expriment une sorte de rêve diurne.
Elles nous emportent vers quelque chose de supérieur, vers un monde meilleur que le nôtre. Ne serait-ce que par rapport à notre vie quotidienne marquée par le temps et la mort.
Ces oeuvres qui nous ressemblent, en ce qu’elles sont humaines, échapperont à la mort. Je sculpte donc je donne une immortalité à la Beauté que j’appréhende.
S’il y a un attrait sensuel, voire sexuel, dans la contemplation de ces torses nus, il m’appartient d’aller au-delà de ces apparences, de ces tentations, il m’appartient de m’oublier, de sortir de moi, de m’ouvrir à la magie de ces simulacres envoûtants, de façon à percevoir le pouvoir objectif de ces oeuvres, leur « aura », leur rayonnement, ce qui tremble au-dessus, au-delà de la matière.
Ces sculptures sont évidées intérieurement.
Ce vide est important.
On peut l’appeler l’ « âme », comme pour les canons, qui sont ici canons de la beauté.
Rappelez-vous le mythe de Pygmalion, ce sculpteur tombé amoureux de la statue d’une belle femme, Galatée, à laquelle la déesse de l’amour Aphrodite donna la vie.
Quel beau symbole !
L’art est né de l’Amour.
Et la vie naît de l’art.
Il y a de la magie dans la création de ces statues, ce sont des icônes. Leur Beauté a réussi à s’émanciper de leur origine matérielle. Elles s’expriment et nous parlent.
Si le sculpteur décline en autant de versions le torse féminin, et plus rarement celui de l’homme, c’est qu’il porte en lui une vision imaginative du Sacré.
Ces torses nus sont un échantillon d’une forme idéale, sans cesse convoitée, difficile à retenir, toujours à reprendre.
Ce sont des apparences, que nous connaissons bien, que nous fréquentons peut-être, mais aussi une perfection spirituelle, idéale, telle qu’on la trouve dans la Grèce classique, amoureuse des corps nus élevés au rang de divinités.
Car ce culte de la Beauté échappe au temps, au sculpteur même.
Il y a une continuité d’exigence de perfection entre un Phidias par exemple et un Malte Lehm.
Même dévotion à ce qui nous dépasse, à une incarnation partielle de l’Idéal esthétique, porteur d’infini. Nous ne sommes pas dépaysés face à de telles oeuvres, qui nous rappellent le désir de Beauté qui nous rassemble ici.
Regarder de telles beautés, c’est satisfaire la sensualité mais aussi la spiritualité humaine, c’est communier avec un paradis dont on garde la nostalgie.
De tels torses, ce sont des idoles, des icônes, des promesses de bonheur, chargées de courants positifs, porteurs d’un au-delà vertueux.
Car le Beau, c’est le Bien.
Y a-t-il une autre morale ?
Michel Lagrange et Malte Lehm
55 route des cornes d’Urfé, 42430 Champoly
Sur la route qui monte au Château, à la sortie du village.
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