Buste
Buste
DE QUELQUES VÉNUS (suite)
Une déesse issue d’un dieu-sculpteur
Ouvrant son crâne à la Beauté
Le dieu-sculpteur opère à chaud
Un corps grandeur-nature
Héroïque entre terre et ciel
Ce qui est au-delà de moi
Dépend de moi dit le sculpteur
Quand le Mal contrarie l’exploit
De ce torse et de mon regard
En corps à corps
Cette Beauté est le fruit de l’arbre du Bien
Je suis le premier homme
Un faiseur de divinité
Serviteur obligé d’une idée passionnelle
À laquelle il convient de donner corps
Et âme
Il n’y a rien de dissolu
Dans la discipline harmonieuse
Où le corps se réjouit
D’être un chef-d’œuvre
Une version profane et stylisée
Du mystérieux combat de Ja-
cob avec l’Ange
Et pour un peu j’en sortirais
Précaire et déhanché par
ce qui me déstabilise
Éternel Féminin dit la
rumeur
C’est plutôt l’Éternité
faite Femme
Comme si l’œuvre était non-faite-de-main-
d’homme
Du chaos des matières
À la Création pure
Un corps sculpté de femme est le fruit du hasard
Du labeur et de l’idéal
De la sueur et du sang
De la terre et de la semence
Combien de passants verront clair
Combien deviendront pèlerins
Ce qui emprisonna le corps de la réalité
Devient par le dieu-sculpteur un réseau
Monumental
Un fossile à la fois immobile et mouvant
Au rebours de la nostalgie
Une exuvie déposée par un corps
Lassé d’appartenir au temps des hommes
Une paradoxale empreinte
Une part d’éternité qui demeure
Après la transsubstantiation
La vraie flamme est une légende
Ainsi s’érige et se déploie
Mon nu mental